Présentation de l'ouvrage "Politiser le renoncement" d'Alexandre Monnin - 4 mai 2023

Retour sur la Conférence dialoguée « Politiser le renoncement », en présence d'Alexandre Monnin le 4 mai 2023, au conseil départemental de la Gironde.

Alexandre Monnin commence par nous expliquer la différence entre "politique" et "politiser". Pourquoi est-il essentiel de politiser le renoncement ?

La notion d'héritage est évoquée : il faut donner une autre trajectoire. Comment peut-on collectivement se donner un cadre et des critères de justice ? Comment donner un cadre qui n'ajoute pas du mal au mal ? Comment peut-on porter cette volonté de démantèlement ?

Retour sur la Technosphère : un ensemble construit par les êtres humains

La technosphère englobe tous les objets technologiques produits par les hommes, mais pas uniquement. Elle est loin d'être une simple collection d'appareils technologiques de plus en plus fournie ; c'est un système. Cette distinction est cruciale, et on peut l'expliquer en la comparant au concept plus établi de biosphère1.

La technosphère est un concept créé par Vladimir Vernadsky2 qui désigne la partie physique de l'environnement affectée par les modifications d'origine anthropique, c'est-à-dire d'origine humaine. La technosphère a une part active, constituée des objets en usage ou en possibilité de l'être, et une part de rejets qui forment une couche de déchets (l'archéosphère) ou sont émis dans l'atmosphère.

Il est important de penser non seulement au vivant et à l'invisible, mais aussi à notre dépendance. Comment pouvons-nous nous réapproprier notre environnement ? Quelle place occupe la technosphère ? Latour parle d'hors sols et de terrestre (Où atterrir ?3), mais où se situe la technosphère ?

Les communs négatifs

Alexandre Monnin revient sur le concept proposé dès 2017 dans le mouvement sociologique écoféministe. Pour Bauwens, dans son livre “Sauver le monde”1, les communs sont une solution, mais pour Alexandre Monnin, il faut aller plus loin et réencastrer la notion de communs dans l’anthropocène. Dans le mouvement des communs, on parle toujours des ressources bucoliques, mais il y a également les ruines. Alexandre Monnin distingue les ruines ruinées : ayant pour problématique "qu’est-ce qu’on fait collectivement" autre que de l’investissement (par exemple une friche qui intéresserait un promoteur immobilier) ; et les ruines ruineuses : elles fonctionnent, mais sont ruineuses, produisant du négatif (comme les mines de charbon, la 5G ou les bassines).

Comment prendre soin de cet héritage ? Le philosophe allemand Walter Benjamin disait que "la vraie ruine, c’est peut-être la ville bourgeoise". Cela ne ressemble pas à une ruine, mais dans son fonctionnement, c’en est une. Il faut donc se poser la question de son maintien. L’héritage ne peut pas être refusé collectivement, même s’il peut être refusé individuellement. Il convient donc de comprendre le monde et ce qui s’y passe, hériter pour analyser, trouver des prises, trouver une autre trajectoire, penser le globe et le terrestre.

Comment politiser ?

L’attachement à l’échelle collective peut s’avérer problématique. Il faut choisir ou renoncer à son attachement (attention au déterminisme). Alexandre Monnin nous parle de la sociologie des attachements de Callon1 : "ce à quoi on tient, ce qui nous tient". L’attachement est présent, non voulu, involontaire. Les personnes elles-mêmes sont expertes de leurs attachements.

Se désattacher ? Comment les personnes doivent s’impliquer dans le désattachement ? Que deviennent les territoires ? Comment penser la fermeture sans rendre vulnérables des gens déjà vulnérabilisés ? Il faut critiquer la société qui les rend encore plus vulnérables et penser les attachements.